7 Septembre,
Ce matin, réveil de bonne heure, le minibus pour San Agustin part à 8h (38 000 COP). Les 4h de trajet s’allongent en 6h, la route est dans un état catastrophique, et un camion est bloqué nous laissant 2h à l’arrêt, on se croirait revenu au Népal. On apprendra par la suite que la municipalité ne finance pas les routes comme elle le devrait, alors ce sont les administrés qui le font eux même, via les compagnies de bus. On laisse nos sacs à l’auberge « Villa Celeste » (40 000 COP avec le petit-dej) où Yulia nous accueille avec un grand sourire. L’auberge est tenue par un couple adorable avec 3 enfants. Ils ont seulement 3 chambres, et sont vraiment tops.
On part à pied (3,6km) visiter le parc archéologique de San Agustin (25 000 COP). Il constitue la plus grande nécropole au monde en termes de surface. On commence par la visite du musée qui est bien fait, les statues sont bien mises en valeurs. Mais, c’est un peu creux… En effet, ils n’ont que très peu d’explications sur ces statues, et beaucoup de suppositions. Ils pensent que ces statues veillaient sur les morts. Beaucoup étaient placées à moitié enterrées devant les tombeaux funéraires qui datent des années 1 à 900 après J.C. On se promène ensuite dans le parc où on observe plusieurs tombeaux et sarcophages et de nombreuses statues, certaines retrouvées ici, et d’autres dans un rayon de 100km autour du site.
8 Septembre,
Ce matin, on commence par un petit-déjeuner bien sympathique à discuter avec nos hôtes. Ils s’étonnent qu’on soit ensemble depuis quasiment 10 ans et sans enfant ! Eux, on 27 et 29 ans et déjà 3 enfants de 11 ans, 7 ans et 4 ans ! On part ensuite pour une journée organisée, une journée type dont on n’est pas très fan, mais ici vu les distances des différents points d’intérêts, impossible de le faire à pied. Le tour en jeep à 5 se transforme en tour en minibus à 8… Quant au guide, en fait, il n’y en a pas, il s’agit juste d’un chauffeur… Du coup, on trouve que le prix de la journée est un peu excessif pour une navette au final (45 000 COP). 9 arrêts au programme aujourd’hui :
Un stop photo rapide au mirador donnant sur le rio Magdalena, le plus grand fleuve de Colombie (1533 km).
Puis, on descend voir le fleuve de plus près au niveau d’un rétrécissement. A cet endroit, il ne fait plus qu’un mètre de large entouré par la roche (et du coup plus de 10m de profond).
On visite le musée Obando (3 000 COP + pourboire) avec cette fois un guide… un jeune « homme » de 12 ans qui connait son texte par cœur et nous explique les différentes tombes datant de -1000 av J.C.
Un arrêt gastronomie (c’est ceux qu’on préfère !) pour visiter une fabrique de panela aussi appelé pain de vesou en français. Son unique ingrédient est le jus de la canne à sucre (ou vesou), qui est cuit à haute température pour donner une sorte de mélasse (dans 5 marmites différentes, les unes après les autres), et ensuite refroidie en pains. Le reste de canne, une fois extrait le jus, sert de combustible pour faire le feu qui permettra de chauffer les différentes marmites.
La panela est principalement utilisée pour donner, par dilution, une boisson très populaire (agua de panela ou aguapanela), souvent agrémentée de jus de citron vert. C’est bon, avec un petit goût de caramel.
On part visiter le parc archéologique « Los Idolos » dont l’entrée est incluse dans notre passeport acheté hier. C’est un des complexes funéraires les mieux conservés. On y trouve une statue de plus de 5m de haut (la plus grande retrouvée à ce jour). Le parc ressemble à un terrain de golf, et c’est bien agréable de s’y promener…jusqu’à ce que la pluie s’invite !
Ce 6ème arrêt sera pour manger un almuerzo type.
Après ce repas, on repart pour le parc archéologique « Alto de las Piedras » qui comporte seulement 8 sculptures, mais l’une des plus belles qui lui a valu l’inscription à l’Unesco (depuis 1995). Notre chauffeur nous annonce à ce moment-là qu’aujourd’hui il est payé juste pour conduire mais qu’en fait il est guide, donc si on veut pour 20 000 COP (soit 2 500 par personne), il peut nous faire la visite ! Une fois de plus, on sait pourquoi on n’aime pas ce genre de sortie organisée ! On se plie à la majorité et c’est parti pour la visite. On apprendra deux/trois petites choses que Wikipedia ne nous avait pas dit, notamment sur la forme des yeux des statues. Celles qui ont les yeux ronds représentent une personne en transe, sous l’effet de la drogue, et celles avec les yeux en demi-lune représentent une personne en pleine méditation.
Arrêt à la cascade de Bordones, la plus haute de Colombie (environ 400m). Elle est assez impressionnante. Mais bon, au final on ne retiendra pas la cascade mais ce qu’on y a vu… Pendant le temps où on est là-bas, arrive 4 ou 5 jeeps avec beaucoup de policiers et quelques personnes pas en uniforme. On s’interroge… Ils ont l’air détendu, et plutôt en mode vacances à prendre photos et selfies. Mais pourquoi l’uniforme alors ? En discutant, on apprendra qu’il s’agit d’un homme incarcéré mais qui avait envie d’une petite journée visite avec sa famille. Du coup, pas de soucis, l’état mets à sa disposition 12 policiers pour le « protéger ». Vive la corruption !
Dernier arrêts de la journée à la cascade « El Mortino », où il faut payer 3 000 COP pour la voir. C’est du vol, alors non merci, on va attendre. Voyant qu’on ne voulait pas payer, il nous propose l’entrée à 2000, mais chut, il ne faut pas le répéter. Raison de plus pour nous de refuser. Il y a bien assez dans le jardin pour faire des photos. Après 20 minutes, le propriétaire du terrain finit par nous inviter à voir sa cascade, on l’apprécie déjà mieux quand c’est gratuit !
Ce soir, en rentrant on grignote dans la rue :
Une papa rellena (écrasé de pommes de terre en boule fourrée avec un œuf dur, ou de la viande…)
Une arepa, c’est une spécialité vénézuélienne et colombienne. Il s’agit d’un pain de maïs blanc ou jaune. Elle est parfois garnie de jambon, de fromage, de viande, de haricots, d'œufs, etc. On l’a testé plus tard avec une ratatouille en remplacement du pain, et c’était excellent. Essayé vous ne serez pas déçus !
Un burger, oui mais burgers spéciaux. Le pain est remplacé par 2 galettes de bananes plantains écrasées et frites. Un régal !
A l’hostal, on rediscute un moment avec nos hôtes, et Greg se trouve une nouvelle amoureuse. La petite Céleste de 4 ans est sous le charme, il parait qu’elle aime bien les barbus. Elle ne le quitte pas pendant 1h !
9 Septembre,
Ce matin la pluie est là, et on décide d’abandonner notre programme et de prolonger d’un jour notre séjour ici. On prend donc le temps de discuter avec notre hôte un long moment. Elle nous explique les difficultés en Colombie, et il y en a !
la corruption : vaste problème et présent dans tous les secteurs
la guérilla : encore présente, et qui paralyse des villages entiers
le port d’armes : interdit sans permis comme en France, mais dans les faits tout le monde en a un chez soi,
la santé : il y a un manque de médecin et des attentes de plusieurs semaines pour avoir un rendez-vous,
la pilule : environ 60€ la plaquette d’une marque européenne reconnue, soit beaucoup plus cher qu’en France. Il y en a à moins cher mais de labos non reconnus et avec les effets secondaires qui vont avec !
la scolarité : comme au Myanmar il n’y a pas assez d’instituteurs, les élèves de primaires ont donc école soit le matin (de 6h à 12h), soit l’après-midi (de 12h30 à 18h30) pour que tout le monde puisse y aller
l’état des routes : le gouvernement ne donne pas de sous, c’est donc les compagnies de transport qui s’allient et paient pour leurs entretiens.
Ce midi, on va tester le « Fonte Cafe », et c’est top ! Un almuerzo à 10 000 COP avec un menu qui change, une présentation top et des saveurs !
Comme le temps s’est amélioré, on décide de faire la moitié de la boucle à pied prévu et de faire l’autre moitié demain. On commence par le site « El Tablon » où sont exposées 6 autres statues, puis le site de « Chaquira » (rien à voir avec la chanteuse !) avec des personnes gravées dans la roche, mais surtout un magnifique point de vue sur la vallée et le fleuve Magdalena en contrebas.
En rentrant, on bosse un peu, et oui, il faut bien l’avancer ce blog ! Et, on avoue, les burgers étaient trop bons, on craque de nouveau !
10 Septembre,
Ce matin c’est jour de marché et notre hôte nous propose une variante pour le petit-déj. Une version de humitas (feuille de banane avec à l’intérieur riz, poulet, petit-pois). C’est bon, mais on avoue qu’à cette heure-là, ça reste toujours un peu compliqué pour nous. La matinée passe entre coup de fil et blog. Quand on trouve un resto bon, différent et pas cher, on en profite, et on retourne manger au Fonte Cafe.
On part ensuite pour la 2ème partie de la boucle sous un beau soleil. On commence par un arrêt au site « El Purutal », à 3 000 COP l’entrée, mais le gardien à essayer de nous enfler en nous demandant 4 000 COP. Malheureusement pour lui, on s’était renseigné avant ! Alors on refuse et on fait demi-tour (technique infaillible, sauf en Equateur), il nous rappelle direct et accepte à 3 000 ! On trouve sur ce site plusieurs statues, dont les seules encore peintes, ainsi que quelques tombeaux.
On se renseigne pour aller au site « La Pelota » qui n’est pas indiquée sur MAPS.ME. Car ce n’est pas un site archéologique, mais une colline.
- "Ah, c’est simple, vous voyez la colline, et bien c’est tout là-haut !"
- "Et comment on fait pour y aller ?"
- "Tout droit, à travers les champs !"
Et bien c’est parti alors ! On traverse les champs sous le regard médusé des vaches et chevaux, on passe sous les barbelés et on y est. On a une vue sympa quasiment à 360° ! Maintenant qu’on est là, c’est bien beau, mais il faut redescendre. On s’oriente avec la boussole de la montre de Greg et go. Un champ à vache, puis un autre, puis un de café… jusqu’à atteindre une maison… avec 5 chiens… On fait moins les malins ! Heureusement, le propriétaire arrive rapidement pour les calmer. Un jeune homme d’une vingtaine d’années bien sympa à qui on explique qu’on est un peu perdu. Du coup, il nous indique le chemin et nous accompagne sur plus de 500m. On le remercie et on continue notre route. Greg attend ce moment-là pour me dire
- "Tu as vu son tatouage ?"
- "euh…ben non, je n’ai pas fait attention."
- "Quand même, il avait deux larmes vides tatouées sous l’œil droit "
Petite histoire si comme moi vous n’en connaissez pas la signification :
La première signification du tatouage de larme a à voir avec l'assassinat. Chaque larme représenterait une personne tuée. Autre signification possible : une larme pour avoir tué quelqu'un, une autre pour s'être vengé et une troisième pour avoir purgé une peine de prison.
Les prisonniers et les gangsta rappeurs se font tatouer une ou deux larmes sous l'œil pour imposer la crainte ou le respect, que leurs assassinats soient avérés ou non.
Il est possible que le prisonnier ou le meurtrier regrette son geste. Auquel cas, la signification du tatouage change : la larme symbolise la peine ressentie par le pêcheur, sa conscience alourdie par le crime.
Plus généralement, la larme symbolise le regret d'une mauvaise action ou d'un passage en prison.
Bon, et bien en sachant tout ça, et en sachant que San Agustin était avant un territoire où les guérillas étaient bien présentes, on peut penser qu’il en faisait partie.
Du coup, Greg me dit :
- "Et toi, tu l’as suivi comme ça, au milieu de rien, sans te méfier, alors qu’il aurait pu nous arriver n’importe quoi ?"
- "Et bien oui !"
Mais bon, il n’est rien arrivé donc ouf !!!!
En rentrant, après avoir acheté quelques bracelets artisanaux aux 2 grands de la maison pour qu’ils aient de quoi s’acheter un bonbon, Greg se mets sur le tri des photos et est vite rejoint par son amoureuse qui veut voir toutes les photos, mais surtout celles de tous les animaux qu’on a vus ! Tant pis, on bossera plus tard.
Le pompile, est une espèce de guêpe noire qui chasse les araignées. Elle les paralyse à l'aide de son venin puis elle pond un œuf dans l’appareil respiratoire de sa proie. Lorsque la larve éclos, elle se nourrie de l'araignée! A tous les arachnophobes, faites un élevage de pompiles chez vous et vous serez débarrassé de votre phobie !
11 Septembre,
Ce matin, réveil matinal car on doit prendre notre bus à 8h. On a cru qu’on ne l’aurait jamais, car le petit-déjeuner a été un peu long à être servi. Et oui, les colombiens ne sont pas des gens stressés ! Finalement, c’est Carlos qui nous emmène au bus en voiture à 8h05. Ouf, il nous attendait. On grimpe et c’est parti direction le parc archéologique de Tierradentro, mais pour ça on a 2 changements, youpi ! 1er minibus, jusqu’à Garcones (2h30/20 000 COP) puis un 2ème bus jusqu’à La Plata (1h40/13 000 COP), puis un pick-up (assis dans la benne, mais couverte s.v.p) jusqu’à Tierradentro (1h20/13 000 COP).
A 14h20, nous voilà arrivés à l’hospedaje Tierradentro (40 000 COP/nuit). On part visiter les 2 musées du parc archéologique (25 000 COP pour 2 jours). Le premier musée présente les poteries et urnes funéraires retrouvées dans les tombeaux. Le second musée ethnographique présente les traditions et coutumes locales (musique, cuisine, tenue traditionnelle…). En sortant, on fait un petit cours mutuel anglais, français, espagnol avec le gardien de sécurité qui a envie de communiquer et d’améliorer ses langues pour échanger avec les visiteurs. Et comme, aujourd’hui le site de Tierradentro n’est vraiment pas très touristique, il en profite avec le peu de visiteurs (max une quinzaine par jour). En effet, il y a moins de 5 ans, la zone était encore déconseillée à tous les étrangers car sous le contrôle de la guérilla.
12 Septembre,
Aujourd’hui, au programme une boucle de 13km (avec environ 800m de D+) pour découvrir les sites du parc archéologique Tierradentro. C’est une réserve archéologique de la Colombie, qui a été inscrit en 1995 sur la liste du patrimoine de l'Humanité par l'UNESCO en tant que réservoir important de la culture précolombienne. On y a retrouvé des hypogées et des statues monumentales de personnages humains. Et pourquoi ce nom ? C’est les Espagnols qui l’ont baptisé ainsi (en français, terre de l'intérieur) à cause de la topographie du territoire situé dans les hautes montagnes de la Cordillère centrale et difficile d'accès, mais aussi à cause de la ténacité des indigènes qui y habitaient et refusaient de se laisser envahir leur territoire.
La boucle commence par le site « Segovia » le plus important. Cette colline compte plus de 25 hypogées (une construction souterraine et plus spécifiquement une tombe creusée dans le sol) ouverts au public faisant entre 2,5m et 6m de profondeur. Un escalier droit ou en spirale avec des marches plus ou moins hautes conduits à une grande cavité comptant souvent plusieurs niches, et soutenue par des piliers et/ou pilastres. Les murs, les colonnes et les plafonds des chambres mortuaires sont souvent décorés de dessins représentant des formes géométriques, anthropomorphiques et zoomorphiques, à l'aide de pigments naturels rouge et noir sur fond blanc, et c’est ça qui fait toute la curiosité du lieu. (Bon, parce que j’avoue que ça fait quand même 4 jours qu’on visite des tombes…).
Sur certaines colonnes, des visages ou personnages sont sculptés comme gardiens des morts. En effet, ici le rituel funéraire est particulier et il était composé de deux étapes :
L’enterrement primaire (individuel) qui comprenait la construction d'une sépulture peu profonde. Le corps y était entreposé avec quelques-uns de ses objets personnels et de la nourriture.
L’enterrement secondaire (collectif) dans une tombe plus profonde : l'hypogée. Après plusieurs jours/semaines de décompositions, les restes étaient exhumés puis placé dans des urnes, parfois mélangé avec d’autres d’autre individus.
On se dirige après vers le 2ème site, « Alto del Duende » ou la colline du gnome, où 5 hypogées sont présents. Cette fois, pas de lumière, il faut descendre avec la lampe frontale. Le 3ème site est « El Tablon » et présente différentes statues, très similaires à celles retrouvées à San Agustin. En chemin, on discutera, enfin, on écoutera plutôt, un papi sans dent dont on ne comprend absolument aucune de ses phrases, mais qui est tout content de nous parler ! La route est bordée de goyaviers, mais on n’est pas dans la pleine saison, elles sont toutes petites…zut ! Arrivés au village de San Andres de Pisambala, la petite église toute mimi est en rénovation, on se contente donc de la photo. On mange au niveau d’une petite baraque et on discute avec la cuisinière et l’ingénieur structure des travaux (on aime bien les GC nous !) On passe plus d’1h à échanger au soleil avec eux. Et on apprécie bien ! On avoue que notre espagnol s’étant amélioré depuis le début, c’est plus facile maintenant.
A 14h, il faut repartir, et ça grimpe… Un arrêt au site « Alto de San Andrès » où se trouve d’autres hypogées, et on profite pour une cueillette de mandarines. Ah, non, zut… Elles sont toutes orange, mais il s’agit de… citron ! 5min de cueillette qui m’auront valu environ 20 piqûres de mouches des sables ! Grrrrr ! Puis, on continue à grimper jusqu’à « Alto del Aguacate » (colline de l’avocat) où se trouve encore 42 hypogés. Ici, elles sont moins bien conservées, il n’y a plus de peinture et la mousse verte les as recouvertes. La balade est bien sympa, la vue là-haut magnifique, c’est une bonne journée comme on les aime !
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