Aux portes du bout du monde
- Greg
- 29 mars 2018
- 9 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 nov. 2020
Avant de commencer, le cours du Peso Argentin étant très (très) variable, nous indiquerons l’équivalence en euro avec le cours du moment.
26 Mars,
Après une nuit (ou une journée, à force je ne sais plus) à trier les photos de NZ, on bouge en direction du terminal domestique pour embarquer vers Ushuaïa. J’ai prévu de me recaler sur l’heure locale dans l’avion, en dormant un peu. Pas de bol pour moi, l’avion à une heure de retard, du coup je commence à fatiguer, je me couche par terre et entame ma nuit. Heureusement que Marion est aux aguets, sinon j’aurais loupé l’avion. Après 5h de vol et un petit arrêt à l’aéroport Almirante Marcos Zar, en mode arrêt de bus, on arrive enfin dans la ville du bout du monde (enfin, titre discuté, mais on vous explique un peu plus loin). Evidemment, comme on est bien préparé, on n’a pas un peso (ARS ou $, mais à ne pas confondre avec le US$) sur nous. Il n’y a pas non plus de bureau de change et le seul distributeur est en panne. On demande donc au taxi, qui ne parle pas un mot d’anglais (mais quand il s’agit d’argent, il a bien compris nos gesticulations), de nous déposer devant un ATM avant d’arriver à destination. A savoir : en Argentine, il existe deux systèmes bancaires, LINK et BANELCO. Seul le second est compatible avec nos cartes bancaires européennes. Mais ça, on ne l’a su que trop tard, du coup, le taxi nous a déposé devant un ATM LINK, résultat du temps de perdu et un détour pour rien. Comme notre hôte est chez elle (on a réservé dans un AirBnB), on lui demande de régler le taxi puis on la remboursera plus tard. La course nous a coûtée 245 ARS (9,9€), alors que le prix moyen est de 150~200 ARS (6 et 8€). C’est de notre faute, la prochaine fois on sera mieux préparé.
A midi, on commence par tester les plats locaux avec une calzone et deux empanadas. OK, la calzone c’est plutôt italien, mais il y a beaucoup d’influence italienne dans la cuisine argentine. On se promène un peu en ville puis on file à l’office du tourisme faire tamponner nos passeports avec les tampons officiels du bout du monde ! Après notre rendez-vous manqué avec les dauphins de NZ (voir ici), on tente de conjurer le mauvais sort et on réserve une sortie pour aller rencontrer les manchots de Magellan. Seule une compagnie est autorisée à débarquer sur l’île et en petit groupe (20 personnes max), pour ne pas (trop) déranger les manchots. En principe, à cette époque de l’année, la colonie rejoint des terres où le climat est plus tempéré, mais on a l’air d’avoir de la chance, puisque cette année la majeure partie est encore sur l’île. Ça s’annonce bien pour jeudi prochain !
27 Mars,
On part se dégourdir les gambettes après un petit déjeuner gargantuesque, direction le glacier Martial qui est accessible depuis la ville sans prendre de taxi. 14,4 km depuis notre logement et 800m d’ascension tout de même. C’est bien balisé et bien entretenu, c’est juste que c’est un peu raide sur la fin, mais on est récompensé par la vue sur la ville et le glacier, c’est magnifique. On sympathise avec un couple de français (vivant au Canada), Pierre-Jean et Elise qui commencent leur road trip en van en Amérique du Sud. On partage un Pisco Sour (alcool typique de l’Amérique du Sud), et ils nous reboost pour acheter un van au Chili, il faut dire que ça nous tente bien après notre expérience en NZ.
De retour en ville, on va réserver notre bus pour le parc Tierra Del Fuego (500 ARS/ pers soit 20,2€) puis celui pour passer au Chili à Puerto Natales (1100 ARS soit 44,4€).
28 Mars,
A 9h15, le bus pour Tierra Del Fuego est déjà devant la porte de la guest house, avec un bon quart d’heure d’avance. Ça nous change de l’Asie. On le fait patienter un peu vu qu’on a à peine fini le petit dej. Le bus fait le tour de la ville pour passer prendre d’autre randonneur comme nous puis il nous dépose à la station de bus où l’on change in extremis (il nous avait oublié) pour le bus qui va au parc. 20 minutes plus tard, tout le monde descend pour s’acquitter des droits d’entrée (350 ARS/pers soit 14,2€). On était prévenu, la Patagonie ça coûte cher ! On remonte dans le bus pour parcourir les derniers kilomètres jusqu’au bureau de poste de la fin du monde. On s’excuse par avance pour tous ceux qui ne recevront pas de carte d’Argentine, mais à 95 ARS (soit 3,85€) le timbre, c’est du vol. Alors on ne poste qu’une seule carte et elle sera pour nous, en espérant qu’elle arrive bien ! (A l’heure où on écrit ces lignes, la carte est bien arrivée !). C’est la fin de saison, le parc est plutôt calme et c’est bien agréable, bien qu’un peu trop calme par moment, il semblerait que les oiseaux aient déjà tous migrés. Je me tiens prêt à dégainer l’appareil photo, mais ça sera inutile… Jusqu’à midi ou l’on est rejoint par deux caracaras chimangos affamés qui nous tourne autour prêt à chaparder notre déjeuner. Ils ont l’air bien habitués aux touristes, je peux enfin faire quelques photos. L’après-midi sera un peu plus clémente entre les cygnes, les Synallaxes rayaditos (bien trop rapide pour moi malheureusement), les oies de Magellan et les canards. Heureusement, les paysages sont magnifiques, il y a de quoi étancher ma soif de photos (et remplir ma carte SD). Juste avant la fin de journée, on croise, non sans stupéfaction, un renard gris. D’habitude il ne s’approche pas trop et il est assez difficile d’en croiser un, mais celui-là, sans doute attirer par des restes de nourriture, s’est approché suffisamment du parking pour être bien visible. Deux touristes en voiture en profite pour lui jeter de la nourriture pour le prendre en photo (ce qui au passage est strictement interdit…). Enfin, on arrive devant le panneau de la fin de la route N°3 (3 000km entre Buenos Aires et le bout du monde) puis on se met à attendre notre bus retour. Ne le voyant pas arriver, une autre compagnie nous propose de partir avec eux, après tout, ça ne change rien pour nous. Il finit par nous déposer devant le bon bus, qui est juste très en retard. Et qui dit bus en retard, dit chauffard au volant, bref on était bien content d’être rentrés sain et sauf.
29 Mars,
C’est le grand jour, le jour de mon cadeau d’anniversaire. Oui pour ceux qui suivent, y a un truc qui cloche, mon anniversaire n’est que le mois prochain, mais c’est que rencontrer les manchots de Magellan sur leur zone de reproduction n’est pas chose facile. Donc, c’est avec un peu d’avance que je fête mes 30 ans !! Merci Marion. On a choisi de partir avec Piratour, car c’est la seule compagnie habilitée à débarquer sur l’île. Pour 3000 ARS/pers (soit 122€), on a le droit à une croisière dans le détroit de Beagle, un temps d’observation des lions de mer et des cormorans royaux, 1h sur l’île des manchots et une visite du musée des mammifères marins. Plutôt pas mal comme programme. Les explications sont en anglais (mais avec un accent latin, donc trop facile à comprendre !) et en espagnol.
On commence par un petit point culture sur l’appellation « ville du bout du monde » ou « ville la plus australe ». Titre disputé avec Puerto Williams qui est encore plus au sud d'Ushuaïa. Qui a raison ? Je vais faire un peu de langue de bois, car ça dépend. Si on suit les indications de l’ONU, la taille d’une ville est définie par son nombre d’habitants, dès lors qu’il y en a plus de 20 000, c’est officiellement une ville. En deçà c’est un village. Or Puerto Williams ne compte que 2900 habitants, c’est un village et Ushuaïa près de 60 000 c’est donc une ville. Dès lors, Ushuaïa est bien la ville de la fin du monde et Puerto Williams le village de la fin du monde. Ainsi, tout le monde est content ! Mais bon tout cela est touristique et reste une bonne raison à l’augmentation des prix !
Après deux heures de navigation et deux arrêts près des cormorans royaux et des lions de mers, nous arrivons à Puerto Harberton, point de départ vers l’île des manchots (car Piratour propose aussi un acheminement direct à Puerto Harberton pour 2500 ARS soit 101,2€). Un petit quart d’heure de navigation plus tard en zodiac, on débarque enfin au milieu de tous ces PETITS MANCHOTS, Oui PETIT, car c’est la seconde plus petite espèce de manchots, les premiers étant ceux de NZ (que nous n’avons pas vu finalement) et les plus grands sont les manchots empereur (ceux du film, la marche de l’empereur) et MANCHOT car bien qu’en anglais on traduise par penguin et en espagnol par pinguinos, ce ne sont pas des pingouins ! Pour s’en rappeler c’est très simple, les pingouins vivent sur la banquise Arctique, dans l’hémisphère nord et ils savent voler. Alors que les manchots vivent sur le continent Antarctique dans l’hémisphère sud et ils ne savent pas voler. Maintenant, vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas ^^. On reste bien 35 minutes à observer ces drôles de petits oiseaux trop attachants. On apprend pleins de choses comme : ce sont des animaux fidèles, une fois en couple, il le reste jusqu’à la fin de leurs jours. Ils partagent la couvée du petit, ils se retrouvent tous les ans dans le même endroit et dans le même terrier pour la période de reproduction, car oui, ils creusent sous la terre pour pondre. Quand le froid devient trop dur à supporter, ils migrent vers une zone plus tempérée (en nageant évidemment). Pour retrouver leur femelle, les mâles émettent un son très particulier avec leur gorges (à voir ici en vidéo). Ah oui et ils ont aussi une période de mue, où ils perdent leur plumage d’été, ce qui donne des petits manchots tout bouffit par un horrible duvet marron ^^. Durant cette période, point de pêche pour eux, ils doivent vivre sur leur réservent de graisse pendant 3 semaines environ, car à l’inverse des canards, leur plumage n’est pas « waterproof ». Ils doivent l’imbiber de graisse avec leur bec. Chose impossible pendant la période de mue.
Bref après toutes ces explications, on passe de l’autre côté de l’île pour aller voir les manchots gentu (ou gentoo ou encore papou). Plus grands et aussi appelés manchots à grande queue, à juste titre. C’est une colonie qui vit ici à l’année car originaire d’Antarctique, elle a émigré ici il y a plusieurs années déjà. Le climat étant suffisamment froid toute l’année pour elle, elle ne migre pas. A la différence des autres manchots de l’île, ceux-là ne font pas de terrier, car la glace en Antarctique est bien trop dur pour cela. Donc même si c’est possible ici, ils n’en n’ont jamais eu besoin.
L’heure sur l’île passe vite, trop vite même, mais toutes les bonnes choses ont une fin. On retourne à Puerto Harberton pour aller visiter le musée des mammifères marins, où l’on découvre pleins d’espèces de dauphins et de baleines qu’on ne soupçonnait même pas. On apprend même que l’orque, appelé aussi baleine tueuse, fait partie de la famille des…dauphins et non baleine ! Baleine tueuse à tort car ce surnom lui vient du temps où des hommes ont été attaqués par des animaux en captivités, où leur comportement diffère radicalement de celui en liberté.
Après cette journée riche en émotion et en culture (désolé pour l’article un peu long), il est temps de rentrer, 2h de navigation à observer les albatros volant à quelques centimètres de la surface de l’eau.
30 Mars,
Le réveil sonne à 4h du matin, le bus pour Puerto Natales part à 5h du centre-ville. La journée va être longue, puisqu’on arrive à destination qu’à 0h30. C’est une journée complète de bus qui nous attend. On fait un changement de bus à Rio Grande et on se retrouve assis à côté d’un couple voyageant avec leur fille de 4 ans. Tout aurait pu bien se passer et je ne serais même pas en train d’écrire ces lignes, mais … cette petite incarne l’archétype de l’EUPGADPCD (Enfant Unique Pourrit Gâté Avec Des Parents Complètement Dépassés). Bref, sans vous faire de dessins, 8h30 heures de colères, pleurs, chouinements pour…rien ! (je crois bien qu’on ne l’a même pas entendu parler…) L’arme ultime dégainée par les parents est… je vous le donne en mille : le téléphone portable avec une adaptation espagnole de Dora l’exploratrice ! suffisamment fort pour que tous le bus puisse en profiter. Bref, un enfer !
Seul moment de répit : le passage de douane. Relativement simple, si on ne transporte pas de fruits évidemment. On laisse donc nos pruneaux non dénoyautés au douaniers, zut on venait de les acheter. C’est une fois remonté dans le bus qu’on s’aperçoit qu’il nous reste des prunes fraîches, on fait profil bas jusqu’à ce que le bus redémarre. On vient quand même de faire rentrer illégalement 4 prunes Argentine (qui proviennent sans doute du Chili d’ailleurs) sur le sol Chilien.
Pour traverser le détroit de Magellan, le bus monte dans un bac, ça ne sera pas de tout repos, certains essaye de sortir du bus, puis une première vague vient éclabousser le toit du bus, refroidissant les ardeurs des plus téméraires. Ça tangue, mais finalement pas beaucoup plus que sur les routes sans revêtement sur lesquelles on roule depuis le passage de la frontière.
Second changement de bus à Punta Arenas, on n’y fait qu’un petit stop juste le temps de retirer des espèces dans une…pharmacie. Au Chili, il y a des distributeurs dans les pharmacies, c’est comme ça ! On mange un morceau puis on remonte dans un bus jusqu’à Puerto Natales. Notre périple prend fin vers 23h50. Un petit quart d’heure à pied pour rejoindre la guest house et on va enfin pouvoir se reposer.
Ah oui, j’allais presque oublier deux points importants : Contrairement à l’Asie, les terminaux de bus sont dans la ville (en voilà une bonne idée) et second point, les taxis ne vous harcèlent plus à la sortie du bus !
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