17 Mai,
Dernier jour en terre Chilienne, aujourd’hui on continu notre périple dans cette région du monde, mais du côté Bolivien. Le minibus pour la frontière passe nous chercher à 7h20 devant la guest house. Nous sommes au final 6 à partir pour le plus grand désert de sel du monde. 2 Français, Aliénor et Loïc, un Hollandais Matthias et un Irlandais, Anthony. Après un bref briefing en Espagnol, le chauffeur nous amène à la frontière, l’une des plus hautes du monde, à 4200 mètres. Il y a déjà 6 minibus devant nous et la frontière n’ouvre qu’à 8h, il faut patienter une bonne demi-heure avant que ce soit notre tour. La sortie de territoire n’est qu’une formalité, un petit tampon et hop on remonte déjà dans le minibus. 5 minutes plus tard on arrive au poste frontière Bolivien qui n’a rien à voir avec celui du chili, on voit bien qu’on a changé de pays et que le niveau de vie n’est pas le même. Il n’y a pas vraiment de douanes, c’est juste un poste pour tamponner le passeport. En moins de 3 minutes, on est ressortie avec le précieux sésame (attention, valable seulement pour 30 jours, à renouveler donc si vous souhaitez rester 90 jours). On retourne vers le minibus pour prendre le petit dej, rien à voir avec ceux de Flamingo, exit le pain de la Franchuteria, ce matin c’est avocat, fromage et petit pains chiliens. C’est ici sur le parking que commence notre excursion dans le Sud-Lipez. Il y a bien une trentaine de 4x4 prêts à partir, mais le nôtre n’est pas encore arrivé. On profite de ce moment d’attente pour faire connaissance avec nos nouveaux colocataires.
Le parking est, maintenant, presque vide et toujours aucune trace de notre chauffeur. C’est inquiétant, surtout quand on nous annonce que le 4x4 qui devait venir nous chercher est tombé en panne, mais pas d’inquiétude, un autre est en route et ne devrait plus tarder. En effet, 5 minutes plus tard, Miguel, ses trois chicots et son Toyota Land Cruiser vert apparaissent sur le parking. Nos premières impressions : on a sans doute le plus vieux 4x4, Miguel semble parler un dialecte bien à lui et il flotte comme une odeur de rance dans la voiture.
Une fois les sacs chargés sur le toit, on embarque tous et c’est parti pour décrypter ce que notre chauffeur a à nous dire. Heureusement, Loïc parle mieux espagnol, et ça aide beaucoup. Les paysages commencent à défiler, le Sud-Lipez c’est vraiment beau, ces montagnes aux multiples dégradés de rouge orangé, on en prend plein les yeux. On fait notre premier arrêt à la Laguna Blanca. Comme la Laguna Cristal, elle est en partie gelée et les montagnes aux alentours se reflètent parfaitement. Quelques mouettes andines s’essayent au patinage à l’atterrissage puis titubent sur la surface gelée. Pas le temps de prendre racine, Miguel nous rappelle à l’ordre pour aller vers la Laguna Verde. Une magnifique lagune au pied du Licancabur (volcan à la frontière Chili/Bolivie). Bien qu’on soit parti les derniers, on a déjà rejoint le peloton de 4x4, alors pour le petit safari tranquille, on repassera. On sème une partie de la troupe dans le désert de Dali, une magnifique succession de montagnes aux couleurs orange/jaune/blanche/ocre. On en profite pour faire notre première photo de groupe. On sent que c’est une mécanique bien huilée et que Miguel joue sa partition comme un maître (en effet, il sera impossible de le faire dévier de son itinéraire). On enchaîne ensuite les arrêts minutes dans un champ de geysers (petit comparé à ceux Del Tatio au Chili), puis d’une autre lagune avant d’arriver à la Laguna Colorada. Un lieu magique pour voir évoluer les flamands roses. Surtout que cette fois, ils sont très nombreux et proches du bord. La couleur de l’eau semble provenir d’un film de SF, rouge sang avec de petits îlots blanc immaculés. Il y a même un groupe de petit flamands encore tout gris, trop mimi.
Le côté safari est terminé pour aujourd’hui, on remonte dans la voiture pour presque 2h de piste sans ménager nos petits fessiers (surtout le mien)
Arrivés dans le petit village de Villamar on découvre nos lits, enfin je ne suis pas sûr qu’on puisse appeler « ça » des lits. Le matelas, du moins ce qu’il en reste est tellement creusé qu’on pourra disparaître dedans une fois couché. Ça promet pour la nuit, au moins on est sûr de ne pas tomber ! On dort dans ce petit village car on ne souhaitait pas faire le tour « classique » (et dormir dans des hôtels à la salubrité plus que douteuse) et enchaîner le tour des lagunes demain. A la place, c’est formation rocheuses, canyon, lagune (au moins une) et petit village isolé.
18 Mai,
Étonnamment, la nuit a été bonne (pour moi en tout cas), faut dire qu’on a dormit dans nos duvets pour éviter la fraîcheur de la nuit. Je me suis même réveillé dans la même position que lorsque je me suis couché sans doute un mixte entre la fatigue, l’altitude et la forme du matelas (surement ça d’ailleurs). Après un petit déjeuner frugal (heureusement qu’il nous restait du gâteau acheté 2 jours plus tôt) on croise nos premiers lamas. On tente de faire arrêter notre chauffeur pour faire des photos, mais non c’est impossible, c’est qu’il a un timing à respecter et puis il nous promet qu’on en verra plus tard dans la journée. Bon ok, mais on repassera sur la souplesse.
Miguel n’a visiblement pas bien dormi, il n’est pas très causant, nous dépose devant les formations rocheuses, nous klaxonne pour nous faire revenir. On n’est pas vraiment dans l’échange guide/touriste que l’on avait imaginé. Bon, on finit par comprendre après le 3ème arrêt en le voyant les mains dans la graisse en train de resserrer le cardan avant du 4x4. Il était sans doute préoccupé par les soucis mécaniques. Du coup, on reste presque 40 minutes sur un site où on fait le tour en 20. Après tout pour une fois qu’on a le temps de profiter, on ne va pas se plaindre.
L’épisode mécanique terminé, on traverse (enfin) un troupeau de lamas. Notre chauffeur semble soulagé de le voir et on fait un arrêt pour le plus grand bonheur de nos objectifs. Ils ne sont vraiment pas craintifs et restent à poser. Leurs petits pompons dans les oreilles sont vraiment trop photogéniques, il y a plusieurs récits quant à leur apparition. Une première légende dit que les lamas avaient mangé toutes les fleurs des champs, alors pour redonner de la couleur au paysages, les éleveurs de lamas ont accrochés à leurs oreilles des morceaux de laine très colorés. La seconde est qu’ils servent aux éleveurs pour retrouver leurs bétails. La première est peut-être vraie et bien plus poétique.
Il fallait bien visiter une lagune aujourd’hui et c’est pourquoi on fait un stop à la Laguna Negra, c’est plutôt sympa car pour y arriver il faut faire 10 minutes de petite rando et traverser des étendues sauvages peuplées de quelques oies andines et autres canards. Pour une fois, on commence à trouver le temps long, mais bon, ne faisons pas nos Français et profitons du paysage. On finit par être rejoint par un groupe, timing parfait, c’est l’heure de partir en direction du canyon anaconda. Il porte ce nom au regard de la rivière en contre-bas. Elle serpente telle un anaconda tout en bas, attention à ne pas trop se pencher, on pourrait glisser. Merci la Bolivie, car ce genre d’expérience n’existe pas en France. D’une, on n’a pas beaucoup de canyon comme celui-là et de deux, il y aurait des barrières anti-chute et une plateforme pour faire un belvédère.
On fait une halte dans un petit village proche de la ville fantôme. On y trouve des airs d’Asie avec les mamas Boliviennes en train de trier le quinoa comme le faisait les Népalaises avec le riz. Deux coins du monde et pourtant la même technique.
Une fois le ventre bien plein, on a hâte de découvrir ce que nous réserve notre après-midi. En principe, visite d’une brasserie artisanale, d’une ancienne voie de chemin de fer et d’un marché artisanal. Plutôt sympa. Bon la réalité va être tout autre, après 2h de voiture, Miguel fait un arrêt dans un petit village pour nettoyer son filtre à air, il disparait pendant 40 minutes, nous laissant devant une boutique qui vend du Made In China et qui propose des bières artisanales de Sucre. Devant le magasin, 4 vieux wagons attendent sagement que le temps fasse son travail. Ok, on n’a pas vraiment la même vision de la brasserie et du marché artisanal … Après avoir bien poiroté, on retrouve Miguel, l’œil vif et tout sourire. Visiblement, il a fait bien plus que nettoyer le filtre à air… L’après-midi s’achève là à notre plus grande déconvenue, dans 2h on sera à l’hôtel de sel, un peu (beaucoup) kitch.
Bonne surprise, l’hôtel est très récent, donc les matelas sont de bonnes qualités. Le côté kitch c’est que le sol est recouvert de gros sel venant du salar évidemment. Plutôt amusant et rassurant, car je ne vois pas quelle bête pourrait vivre dans un environnement aussi salé. Après un bon repas et quelques parties de cartes nous partons nous coucher car demain on se lève à 4h10 pour aller voir le lever de soleil sur l’île aux cactus !
19 Mai,
4h20 tout est en ordre, les sacs sont chargés sur le toit et chacun s’installe à sa place. Il est temps de partir vers le lever de soleil. On ne sait pas vraiment où on va, mais en tout cas on est tout seul et Miguel semble chercher sa route sur ce désert de sel. Après 20 minutes, il ne semble toujours pas serein et on a bien failli s’enliser 2 fois (merci le vrai 4x4). L’aurore commence à pointer le bout de son nez, pourtant on ne semble pas arrivé à destination, on finit par demander à Miguel s’il est bien sûr de lui et là c’est le drame. 40 minutes que l’on roule plein Est, vers le soleil levant alors que l’île aux cactus se trouve plein nord… Gros échec, on rectifie la trajectoire à l’aide de MAPS.ME, un peu comme sur un navire, on lui dit « plus à gauche », « puis un peu trop, redresse en virant à droite » (en espagnol évidemment). Le ciel s’éclaircit de plus en plus, Miguel enfonce le champignon, 90km/h sur le plus grand désert de sel, c’est une vraie expérience. Il finit par apercevoir l’île, le sourire revient sur son visage, il tente le tout pour le tout pour qu’on arrive à l’heure. Le contre la montre est lancé dans moins de 20 minutes le soleil doit pointer le bout de son nez (si ma Suunto dit vrai).
On arrive bon dernier sur le parking de l’île, moins de 7 minutes pour monter 200m à près de 4000m d’altitude, Marion part devant, je m’occupe de payer les entrées et c’est parti pour le sprint, enfin on fait ce qu’on peut vu la faible capacité pulmonaire qu’on a. J’abandonne Marion dans les marches, il nous reste 3 minutes pour arriver au sommet et espérer faire LA photo de la journée. Je calcul chacun de mes pas, car il s’agit de ne pas tomber, je vous rappelle que c’est une île recouverte de cactus, hein !
Tout juste le temps de faire 4/5 photos de la fin de l’aube que Marion me rejoint pour le spectacle, on a réussi, on crache nos poumons, on est au bord de l’évanouissement tellement on suffoque, tout le monde nous regarde bizarrement, mais on voit ce petit soleil illuminer chaque pique des cactus, c’est presque imaginaire d’être sur cette île recouverte de cactus au beau milieu d’une terre des plus hostiles du globe. Je fais chauffer l’appareil, je ne veux pas en rater une miette.
On reprend petit à petit nos esprits et on profite de ce moment jusqu’à ce qu’il fasse grand jour et qu’on soit seul là-haut, tout le monde est redescendu pour prendre le petit dej. Nos estomacs nous rappellent à l’ordre et c’est à notre tour de descendre pour manger. On aperçoit au loin d’autre 4x4 qui ne sont pas arriver à temps pour le lever de soleil sur l’île et qui se sont arrêter en plein milieu du salar, mais j’imagine que le spectacle devait être tout autant magique.
Une fois le petit dej englouti, on reprend la « route », pour aller faire notre petite séance photo touristique dans le salar, 1H30 pour laisser parler notre imagination. Heureusement qu’on s’était aidé en regardant un peu sur internet. C’est amusant de jouer avec les perspectives. On finit par les photos classiques avec le dinosaure.
On s’arrête ensuite devant le tout premier hôtel de sel du salar qui est plus ou moins un musée aujourd’hui. Juste devant l’entrée se trouve tous les drapeaux représentant quasiment tous les pays (et provinces) du monde. En tout cas ceux qui sont passé par ici. Un peu plus loin, un édifice du Dakar (fait en sel), vestige d’un temps où le Dakar parcourait cette immensité blanche. Aujourd’hui, jugée trop dangereuse et trop polluante, la course ne passe plus par ici. Avant de quitter définitivement le salar, on fait un arrêt par le marché « artisanal ». Si vous voulez ramener des babioles en sel comme un cendrier ou une petite statuette du Dakar, c’est l’endroit idéal. Sinon, contentez-vous de regarder et de repartir le plus vite possible.
Sur la route vers Uyuni impossible de dépasser les 50km/h, il semble que la petite réparation de Miguel ne tienne pas le coup et que le cardan est en train de se dévisser, on est à deux doigt de perdre la roue avant droite, ce n’est pas super rassurant. On arrive quand même sain et sauf à Uyuni et que dire de cette ville. Notre première impression : « partir au plus vite », vraiment aucun intérêt de rester une nuit ici, c’est juste une ville départ pour le salar, rien à se mettre sous l’objectif. Après un repas composé de steak de lama au BBQ, et une visite rapide du « cimetière des trains », on nous dépose dans le centre d’Uyuni. Alors ni une ni deux, une fois les sacs sur le dos, on trouve un bus (en bonne état) pour partir vers Potosi, 30 BOB par personne pour quitter la ville tout de suite, vendu ! Les pneus sont lisses mais bon c’est un détail, on est arrivé en Bolivie, il faut qu’on rabaisse nos critères, déjà il n’est pas bouffé par la rouille et les sièges sont en (presque) bon état. Le bus est rempli pour moitié de touristes et moitié de locaux. Certains sont même debout dans l’allée, clairement on est plus au Chili ! Le bus démarre presque à l’heure et visiblement il y a un petit problème de ralenti (on dirait mon Ibiza quand j’avais déréglé l’avance et qu’une bougie était HS). Bref c’est un détail, nous voilà donc parti pour 3h30 de voyage sur l’altiplano Bolivien, mais voilà, Marion à une furieuse envie de faire pipi et le chauffeur n’a pas l’air de vouloir s’arrêter pour qu’on aille au WC, le trajet promet d’être long !