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Sur les traces des dinosaures dans le parc Torotoro

30 Mai,

Il est donc 4h30, on est débarqué sur le tarmac de la gare routière, on part en chasse d’un taxi pour se rendre à l’hôtel qu’on avait repéré. 15 Bs la course, pas moyen de l’avoir à 10 comme à Sucre, on va dire que c’est le tarif de nuit. En Bolivie, la signalisation routière est sans doute facultative, car en 10 minutes de route on a fait assez d’infraction pour annuler 3 fois mon permis. Quand c’est rouge, ont ralenti, on se penche en avant et on klaxonne pour dire aux autres que l’on passe ! Le sens unique à l’envers, ça permet de gagner pas mal de temps ! Bref, on est resté bien accrochés à nos ceintures… ah non justement car il n’y en a pas, on a juste croisé les doigts pour que ce soit notre jour de chance !

Arrivés à l’hôtel, il nous demande 70 Bs pour finir notre nuit, il est à peine 5h du mat, toute la ville dort encore, alors OK, on est plus en Asie ou le check-in anticipé était gratuit, snif. On se console vite, car le lit est bien, la douche est chaude et il y a de la pression, la chambre est pas trop froide, alors on va finir notre nuit dans de bonnes conditions.

Après 4h de sommeil en plus, on se sent déjà mieux, on file explorer les environs, faut dire que ça ne change pas mal de Sucre, ça donne moins envie, la ville à moins de charme, elle a subi une expansion rapide ces dernières années, donc pas de bâtiment coloniaux, pas de plan d’urbanisme, bref un capharnaüm. Mais au milieu de tout ce béton, se cache l’un des (ont dit que c’est LE) plus grand marché de Bolivie. Puisqu’on vous dit depuis le début qu’on a l’impression d’être revenu en Asie ! Le marché est une copie conforme, avec toutes ces allées de fruits et légumes, de bricolage, d’équipement électronique, de petites cantines, bref un vrai retour en Asie ! J’en profite pour acheter un petit set de micro-tournevis (hé oui, y a toujours un peu de bricole, même en voyage !)

Après mangé, on passe cherché une glace à Dumbo, OK c’est le plus grand glacier de la ville et peut être (sans doute) du pays et elles sont vraiment bonnes ! Fini de s’amuser, c’est le dernier jour pour déclarer ces impôts et on n’a toujours pas la réponse entre non résident ou logé à titre gratuit. Comme le centre des impôts ne nous aide pas de tout, on passe une bonne partie de l’après-midi à glaner des infos à droite à gauche et clairement, le plus simple c’est de se déclarer loger à titre gratuit. On espère avoir fait le bon choix, de toute façon maintenant c’est trop tard.

31 Mai,

Départ pour le parc Torotoro, on se rend au « terminal » des collectivos (dispo sur MAPS.ME), puis on poirote 45 minutes pour qu’il soit plein. Oui ici pas d’horaire fixe, le minibus ne part que lorsqu’il est plein, parfois c’est 3 minutes et parfois on a moins de chance et c’est plus long. Après une petite heure de route goudronnée, on attaque les anciens chemins Inca fait de galets, ce n’est pas super confort mais on est récompensé par la vue. Bientôt cette route sera goudronnée, des travaux colossaux ont commencé et devrait finir pour la fin du mandat d’Evo Morales, mais c’est peu probable vu l’état d’avancement. A cause des travaux, on fait un petit arrêt de 45 minutes pour dégager un morceau de grillage qui s’est enroulé autour de l’arbre de transmission. Ni une, ni deux, le chauffeur se fabrique une crique de fortune avec 3 pierres et le voilà allongé sous le minibus pour dégager le grillage. Plus de peur que de mal, ont fini par repartir et arriver sain et sauf à Torotoro.

On commence par négocier la chambre (120Bs/nuit à l’hostal Eden) pour les trois prochaines nuits et on va manger un petit « secundo » au comedor juste en face, 10Bs et y en a assez pour deux !

Dans l’après-midi, petit tour chez les gardes parc pour acheter notre billet (100Bs/pers) et repérer le départ des sorties pour demain. Le système est plutôt pas mal, on s’inscrit sur une sortie et lorsqu’il y a 6 personnes le groupe part avec un guide. Pas besoin de le faire en avance, pratique quand tu n’accroches avec personne dans ton hostel.

On se fait renseigner sur la seule sortie qui ne nécessite pas de guide : le cimetière des tortues. 3,3km de marche, séduisant comme sortie. On traverse le village de Torotoro, la partie non touristique, c’est super sympa, les gens sont souriants. Au bout du chemin, on paye 5Bs l’entrée au petit gardien de 8 ans, pour ce prix-là vous avez le droit à un micro musée sur les dinosaures et fossiles et … c’est tout, l’entrée du cimetière des tortues n’est accessible qu’avec un guide… du coup de l’extérieur on ne voit qu’un grand champ de terre, impossible de distinguer les fossiles. Merci les renseignements…

1 Juin,

On se lève à 6h50 histoire de ne pas arriver les derniers pour former un groupe, mais voilà, le petit dej est long, très long à venir et on a pas grand-chose à manger, déçu pour 12Bs c’est cher (on ne les paiera pas au final ^^). A 7h45, on est prêt à former un groupe pour le petit circuit Vergel juste sur la demi-journée. Manque de bol, personne ne part pour ce tour alors on s’ajoute à un groupe de 4 Canadiennes pour faire « Ciudad de Itas » le matin et la « caverna de Umajolanta » l’après midi (106Bs/pers). Petit arrêt par le marché pour prendre un sandwich et c’est parti pour plus de 1000mètres d’ascension dans un 4x4 asthmatique. Notre guide est sympa et on comprend presque tout ce qu’il nous dit ! Les formations rocheuses sont impressionnantes, comme toujours il ne faut pas mal d’imagination pour voir les animaux dessinés par les roches. Le plus dingue est de se dire que ces roches ont été poli par la mer, qui à l’époque des dinosaures, venait jusque-là.

Une fois notre petit, enfin plutôt copieux, sandwich dans le ventre, on enfile nos casques de spéléologue et on entre dans la caverna. Les premières salles sont facilement accessibles, on y voit des stalactites, des stalagmites, des fleurs, du guano, bref tous les attrait d’une grotte ! Puis vient le premier petit toboggan et la descente en semi-rappel jusqu’à une plus petite chambre. On commence à devoir sacrément se baisser pour avancer, on n’y voit rien depuis déjà un bon moment, heureusement qu’on a nos frontales. Nous voyant bien à l’aise, le guide nous propose un passage que d’habitude il ne fait pas, mais il promet que ça va être cool. Pourquoi pas, après tout on y est autant qu’il nous montre des trucs différents. Sauf que voilà, ça commence par un peu d’escalade sur des parois glissantes puis ça finit par passer à plat ventre dans des boyaux à peine assez large pour mes hanches. Je comprends mieux pourquoi il a insisté pour savoir si personne n’était claustraux ! Bien entendu, une grotte n’est jamais très propre… on est quitte pour faire une tournée de lessive ce soir ! Mais bon, encore une fois, ce genre de visite en France c’est inimaginable, alors on est bien content (mais bien sale) de l’avoir faite.

2 Juin,

On ne se fera pas avoir deux fois, notre petit dej on va le prendre au marché ! C’est bien meilleur (on a le droit à des beignets !), moins cher et servit plus vite. Du coup à 7h35, on est devant le bureau des guides prêt pour le petit circuit « Vergel ». Encore une fois mauvaise pioche, il n’y a pas assez de monde, alors on change nos plans pour faire la grande boucle avec la remontée par le canyon. On fait la connaissance de Jérôme et Sabrina, deux Perpignanais en tour du monde, le courant passe tout de suite, ça se relèvera une belle rencontre et un joli début d’amitié.

Comme hier, on repasse au marché chercher nos deux sandwichs et on part à pied vers un « mur » de traces de dinosaures. A l’époque, ce « mur » était le fond d’une rivière qui s’est asséché assez vite piégeant pour des siècles le quotidien de sauropodes et autres théropodes. Des couches de sédiments sont venu protéger ces traces puis l’érosion et les mouvement tectoniques on fait le reste. Des falaises de chaque côté de la ville se sont élevées et des pluies ont peu à peu révélé ces trésors qui fait la renommée du parc Torotoro. On arrive même à imaginer les courses poursuites entre différentes espèces, c’est un vrai livre ouvert sur le passé. Dommage que rien n’est fait pour conserver au mieux ce patrimoine. Même s’il ne pleut presque jamais dans cette partie du monde, les UV, le vent, les petites bêtes vont finir par faire disparaitre ce qui est ici depuis le Jurassique. Au détour d’un chemin on tombe même sur la plus grande trace de Sauropode de Bolivie et elle est actuellement en concours pour la plus grande du monde. Mais encore une fois, rien n’est fait pour la protéger, elle est là, au milieu d’un chemin de randonnée. On remonte un cours d’eau asséché en cette saison jusqu’au fameux Canyon. Ouah, c’est le seul mot que j’avais à la bouche devant la taille de cette faille. C’est vrai que les montagnes de Torotoro, formées par le soulèvement de la terre, laissant apparaitre des millions d’années d’histoire dans les différentes strates sont impressionnantes, mais le canyon vient ajouter pas mal à toute cette force tectonique.

On descend tout en bas pour être au pied d’une cascade malheureusement trop à l’ombre pour les petits Auvergnats, on laisse les plus téméraires s’y baigner. On reprend le route en longeant le fond du canyon, on fait les petits singes en sautant de rochers en rochers, c’est de la vraie acrobatie, mieux vaut être en bonne forme physique ! Mais qu’est-ce que c’est joli !

On arrive, au prix de pas mal d’effort, dans l’après-midi à Torotoro, il fait encore beau, alors c’est autour d’une bonne bière qu’on finit la journée avec Sabrina et Jérôme.

3 Juin,

Même début de journée de la veille avec en plus un jus d’api, histoire de gouter les boissons locales. C’est un jus de maïs violet avec de la cannelle et des clous de girofle, il se boit chaud comme froid et c’est surprenant et bon. On forme un petit groupe à 4 avec Jérôme et Sabrina et Victor notre guide super sympa d’hier. Aujourd’hui, on file vers le cimetière de fossiles marins, « Las Siete Vueltas ». Une petite rando que l’on fait dans la matinée, 3h de marche A/R avec quelques traces de théropodes, une belle explication sur les mouvements tectoniques qui ont formé la vallée de Torotoro et des fossiles marins par milliers, de toutes les tailles, toutes les formes, même des coraux fossilisés, c’est magique (mais toujours rien pour protéger le site). On finit par monter sur un cerro en espérant voir des condors, mais ils doivent être parti volé ailleurs, on se contente de la vue à 360 sur la vallée, le canyon et la ville. Trop beau.

A 13h30 on est tous dans le bus pour repartir vers Cochabamba, on a choisi le gros bus car moins cher et soi-disant plus confortable que les minibus puis aucun minibus n’était prêt à partir. Après 35 minutes de route, il commence à pleuvoir, on est bien content d’être dans le bus aujourd’hui car on n’aurait rien fait sur Torotoro vu le temps. Mais voilà, ce petit épisode pluvieux, j’aurais pu ne pas vous le raconter. Rappelez-vous, en arrivant je vous expliquais que la route était en travaux, et que par certain endroit il n’y a plus de chemin Inca, mais seulement une route de terre, bien poussiéreuse par temps sec et un vrai bourbier par temps de pluie. Ça n’a pas raté, à la première montée, on sent les pneus du bus qui commence à glisser, obliger de redescendre et de prendre plus d’élan pour passer. Mais ce répit n’est que de courte durée, un peu plus loin la montée aura raison de nous. On descend tous du bus car il glisse dangereusement vers le ravin, on tente de coincer des pierres sous les roues pour qu’il reparte, mais rien n’y fait, ce n’est pas un 4x4, il glisse et dérape inlassablement vers le ravin, impossible de monter la côte. D’autres voitures viennent s’ajouter à la fête, on les aide à se sortir de là en les poussant, mais seuls les pick-up nous narguent en passant presque trop facilement. Les autres voitures font demi-tour dans la pente et repartent vers un autre itinéraire qui n’est pas en travaux. Notre bus essaye de faire tour, mais là encore c’est un échec, il dérape et manque de peu de se coincer dans le ravin. Le chauffeur préfère arrêter les frais là et se gare sur le côté jusqu’à ce que la pluie s’arrête. On commence à s’imaginer dormir dans le bus, il est presque 18h et il fait noir, alors on sort pour trouver un collectivo, coup de chance, y en a un qui est vide et qui peu tous nous prendre. Mais voilà, à l’allée on avait un 4x4, et là on a juste une propulsion. On se retrouve bloqué 100 mètres plus loin dans la côte, obligé de faire demi-tour et de prendre l’itinéraire bis que notre chauffeur ne connait pas… on essaye de lui montrer MAPS.ME, mais comme depuis qu’on est parti, personne ne sait lire une carte… Il demande plusieurs fois son chemin et visiblement on est sur la bonne voie. Après 8h30 de galère au lieu de 5h, on arrive à Cochabamba, le collectivo nous dépose juste devant l’hôtel, on lui donne 20Bs/pers, mais on est bien content d’être arrivé, on va pouvoir dormir dans des draps propres et prendre une bonne douche et accessoirement relaver nos vêtements qui sont plein de boue.

Merci à notre illustratrice Célia pour le logo du blog !

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